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Mon histoire (Antoine Leroch) avec la phobie d’impulsion et les Tocs

Je m’appelle Antoine Leroch. Je suis un ancien grand anxieux et voici l’histoire de mes peurs, de mes phobies d’impulsion et de mes nombreux autres Tocs.

Mon enfance et mon adolescence marquées par la peur

Très jeune, mon enfance a été marquée par de nombreuses peurs. Les deux thématiques principales qui revenaient le plus souvent : la peur du regard des autres (avec une forme de phobie sociale) et l’hypochondrie (cancer, sida, avc, …)

Avec le recul (je n’en avais absolument pas conscience à l’époque), je pense que cette peur de l’autre était liée à une sensibilité mais aussi à la recherche de ma valeur dans le regard de l’autre.

La peur de la maladie est en quelque sorte la suite logique de mon histoire familiale : mon frère a eu très jeune un handicap, qui a marqué et impacté fortement mes parents et indirectement moi.

Ces peurs m’ont vite enfermé dans certaines certitudes comme celles d’être différents des autres. Je n’avais pas le droit à la quiétude de la vie que les autres enfants ou adolescents pouvaient avoir.

L’un des pires moments de mon adolescence : Une guêpe chez ma grand-mère (oui, les vacances scolaires étaient le moment où les phobies choisissaient d’être le plus intenses) a déclenché chez moi une réaction intense mais pas pour les raisons que vous pouvez penser.

J’étais déjà méfiant à l’époque par rapport à ma mère qui était phobique des guêpes : elle se mettait dans une pièce et se recroquevillait sur elle-même, lorsqu’un de ces insectes débarquaient dans nos repas familiaux en vacances. Voilà comment, par exemple, les phobies se transmettent de génération en génération.

Ce qui m’a dérangé avec cette guêpe, cela a été de ne plus la voir. Et si … Et si elle était rentrée dans ma bouche sans que le sache … Sensation de gorge qui se serre, impression d’étouffer et une belle attaque de panique.  Plus j’y pensais, plus tout cela s’accentuait !

Pendant les jours qui ont suivi, ces sensations et cette peur m’obsédaient. Cela a été l’une de mes premières formes de Toc.

Toutes ces peurs ont donc marqué ma jeunesse mais les périodes d’accalmie entre chaque crise m’ont permis malgré tout de vivre normalement. Je ne le savais pas mais le pire était à venir.

Ma rencontre avec la phobie d’impulsion :

Cela a démarré alors que ma femme était enceinte de notre premier enfant. A cette époque, j’avais peur d’avaler de travers … Je redoutais chaque repas, chaque bouchée, … Je vivais constamment dans l’appréhension du prochain repas.

Mon cerveau baigné constamment dans le stress et mes premières phobies d’impulsion sont arrivées. Bien sûr, étant jeune père sans expérience, elles étaient orientées envers ma fille.

Le problème des phobies d’impulsion n’était absolument pas connu à l’époque, j’étais persuadé de devenir fou.

J’étais pris dans un étau : le besoin d’avoir de l’aide et aussi la peur que l’on me retire mon enfant à cause des horribles pensées qui surgissaient dans ma tête.

J’avais tout pour être heureux et pourtant une partie de moi réussissait à tout « gâcher » avec mes peurs.

Je cherchais des solutions sur Internet, je passais des heures : j’étais bipolaire un soir, schizophrène l’autre soir.

Mes peurs changeaient de thématique régulièrement. Mes phobies d’impulsion s’accompagnaient de nombreux autres Tocs. Voici une liste (non-exhaustive) de ce qui traversait et malmenait mon quotidien à cette époque.

  • Peur de faire du mal à mon enfant (de toutes les manières imaginables)
  • Peur de ne pas savoir m’endormir (et de devenir malade)
  • Peur d’arrêter de respirer (un toc sensorimoteur)
  • Peur d’étouffer et d’avaler de travers
  • Peur de m’évanouir
  • Peur d’insulter des personnes que j’aime
  • Peur d’oublier mon enfant dans la voiture
  • Peur des objets tranchants
  • Peur de donner un coup de volant et de tuer ma famille
  • Peur de me suicider
  • Peur de ne pas réussir à marcher, à bouger un membre
  • Peur de ne pas réussir à parler, à penser, à comprendre ce que l’on me dit,
  • Peur d’avoir peur, peur d’avoir des Tocs
  • Peur de perdre pieds et doutes sur le fait de vivre dans le monde réel

A tout cela se rajoutaient, les autres peurs dont je vous ai déjà parlées. Elles ne me laissaient plus aucun répit. Elles étaient présentes dans mes journées mais aussi mes nuits

Ces peurs s’accompagnaient de compulsions. Je faisais relativement peu d’évitement « physique » : j’avais trop peur que mes proches découvrent mes monstruosités intérieures, j’avais tellement honte à l’époque. J’ai développé, avec le recul, une sorte de talent d’acteur. J’ai adopté le masque, celui du « tout va bien ».

Cette honte que je portais à l’intérieur et ce masque que je portais à l’extérieur, absorbaient mon énergie et m’ont progressivement plongé dans un état dépressif.

J’étais devenu champion pour fabriquer des peurs ! Maintenant comment sortir de ce cercle vicieux, de ces schémas de peurs de honte ?

La recherche de solutions pour les Tocs, une longue quête

En écrivant ces lignes, je me rends compte que ma femme a joué un rôle déterminant. Cela a été ma première confidente, celle qui a su écouté ma douleur, mes doutes, et qui m’a donné le courage d’entreprendre un travail sur moi pour devenir le père que je souhaitais être.

Je suis allé voir la psychologue de mon village pendant quelques semaines.

On a parlé de mes symptômes (ceux les plus avouables), de mon enfance en long en large et en travers, de la relation avec mes parents et mon frère.

Cela a fait du bien de « vider son sac » mais mes peurs étaient toujours là.

Mon état de stress était tel qu’il fallait que je trouve une solution rapidement. Je voulais être soulagé tout de suite. Je buvais de plus en plus d’alcool et …

J’ai fini par avoir peur de sombrer dans l’alcoolisme. Pour éviter cela, j’ai fait ce que je m’étais promis de ne pas faire. J’ai commencé à prendre des médicaments pour contrôler mes peurs et recommencer à vivre : antidépresseurs, anxiolytiques.

Ils m’ont apporté un certain soulagement : mes pics émotionnels étaient moins forts et moins fréquents. Ils ne résolvaient pas le problème de fond et à cause des effets secondaires, je les ai arrêtés au bout de 6 mois.  

J’ai alors tenté d’autres approches tels que le reiki, la sophrologie, la méditation, … Plus d’une dizaine en fait.

Cela m’a permis de développer une forme de spiritualité et aussi d’avoir quelques périodes de calme pour certaines de ces techniques mais pas de réels changements dans mon quotidien. Mes phobies d’impulsion et mes nombreuses autres obsessions avaient l’art de passer d’une thématique à l’autre.  Quand la peur du moment se calmait, une autre apparaissait.

A l’époque, je lisais beaucoup et m’intéressais beaucoup à la psychologie, au développement personnel et je suis tombé sur une technique peu connue il y a quelques années : l’autohypnose.


Communiquer avec des parts de soi, dialoguer avec son inconscient, explorer les dessous de mes comportements et de mes peurs, …, tout cela m’attirait mais me faisait également peur à l’époque. J’avais tout simplement peur de ce que je pouvais découvrir, peur de perdre le contrôle.

Malgré cela, je me suis accroché et je me suis formé en autohypnose. Une formation complète qui s’est étalée sur 6 jours. C’était il y a plus de 10 ans. Et pour la première fois depuis longtemps, je réussissais à créer un espace intérieur, un espace mental dans lequel je me sentais en sécurité.

Grâce à l’autohypnose, j’ai appris beaucoup de choses sur le fonctionnement de notre cerveau notamment le fait de ne pas vouloir penser à quelque chose renforcer cette même pensée. Il s’agit d’une suggestion et c’est l’un des mécanismes clé qui nourrit les obsessions.

Et puis aussi, lors de cette formation, j’ai rencontré des personnes formidables (qui sont des amis aujourd’hui) qui m’ont fait découvrir le pouvoir de changement qu’il y a en tout être humain.

C’est aussi au contact d’une de ces personnes que j’ai appris que ce dont je souffrais.

Une forme de Toc mais sans le C des compulsions : les phobies d’impulsion.

Les périodes de calmes ont été plus présentes. Certains traits de caractères limitaient malgré tout ma progression. La tendance par exemple à être beaucoup dans le mental et le contrôle.

Durant cette période, j’ai rencontré beaucoup d’hypnothérapeutes, mais les résultats sur mes peurs étaient relativement décevants : la majorité d’entre eux ne comprenaient pas ce qu’il se passait à l’intérieur de moi. Je reste, malgré tout convaincu, que certaines de ces séances ont participé à forger la personne que je suis.

La renaissance

Le point de basculement ?

Une décision …

Je me souviens de ce matin, en allant courir, une certitude m’est venue à l’esprit : stop ça suffit, je ne sais pas encore comment je vais faire, mais je vais me libérer totalement de ces peurs et transformer ma vie. Je ne sais pas comment vous décrire exactement ce qu’il s’est passé en moi mais une chose est sûre, ce changement était profond en moi.

C’est ce jour-là que mes exigences face à la vie et mes peurs ont changé.

Peu de temps après, j’ai fait la rencontre de l’EFT (Emotional Freedom Techniques). Une technique qui marie l’énergétique, les méridiens et aussi les techniques d’exposition que l’on rencontre dans la TCC (Thérapie Cognitivo- Comportementale).

En pratiquant quelques instants l’EFT, j’ai réussi à faire baisser une crise importante en 20 minutes : j’étais dans une phase de rechute et j’étais persuadé d’être schizophrène.

L’EFT a permis de juguler mes crises et de rendre mes nuits plus réparatrices et paisibles.

J’ai également amélioré mon hygiène de vie.

J’ai augmenté la fréquence de mes sorties sportives. J’ai aussi beaucoup lu sur l’alimentation, la micronutrition, … Ces changements n’ont pas apporté de miracles mais m’ont permis d’installer/conforter une forme de base émotionnelle. J’ai également rencontré une thérapeute exceptionnelle qui a été une véritable personne ressource pour moi, elle m’a apporté le cadre structurant dont j’avais besoin pour dépasser mes limites et commencer à construire celui que je voulais être.

Tout ceci s’est déroulé sur une année environ.

Accompagner les autres

Etant mieux dans mes baskets, mais encore avec beaucoup d’obsessions, j’ai décidé de me former aux techniques qui m’ont le plus aidées : l’hypnose et l’EFT.

Pour aller plus loin dans leur utilisation sur moi-même mais aussi pour aider les autres.

Ces formations n’ont pas été de tout repos, intenses en apprentissage mais aussi au niveau émotionnel. Cela a pris un peu plus de 2 ans en tout.

Parallèlement à cela, j’ai continué à travailler sur moi. Ma méthode pour me libérer de mes Tocs s’affinait et des mots comme « confiance », « estime de soi » prenaient de plus en plus sens dans ma vie.

Mais mon problème de Toc n’était pas résolu à 100%, comment pouvais-je, moi, aider une personne qui a des peurs ?

Un de mes mentors m’a dit alors :

Antoine, même si certaines peurs sont encore là, ne crois-tu pas que tout le chemin que tu as parcouru peut servir à d’autres ?

J’ai commencé à avoir mes premiers clients en 2015 et … mes premières réussites aussi. La plupart des personnes qui venaient à moi souffraient de peurs de toutes sortes (pas de Tocs). Je me rappelle d’un faire part de naissance que je ressors de temps en temps. Une jeune femme qui avait la « phobie », d’être enceinte, d’accoucher et elle … n’arrivait pas à tomber enceinte. Moins d’un an plus tard, je reçois un faire-part de naissance :

« Si un jour vous avez des doutes sur ce que vous apportez aux gens, sachez que j’ai vécu un accouchement sans peur, sans appréhension et c’est grâce à vous »

Wahou !

Avec ses premiers accompagnements, vous vous en doutez, ma vie prenait plus de sens. J’avais de plus en plus envie d’aider, de soutenir et surtout d’apporter un changement rapide et efficace. Je lisais beaucoup et me formais également mais ceux qui m’apprenaient le plus de choses : les personnes que j’accompagnais.

Je découvrais qu’une vie de peurs n’est pas dû au hasard. A force de rencontrer toutes ces personnes, je me suis rendu compte des similitudes dans les histoires, dans les approches de la vie,… Des schémas communs qui nourrissent la peur, l’amplifie, la multiplie dans d’autres domaines de notre vie.

Et puis, j’ai eu mes premiers clients avec des phobies d’impulsion, des Tocs, … Et là certaines de mes croyances ont été bousculées.

Est-il possible de se libérer d’un Toc en une seule séance ? … La réponse est oui.

Cela met une vraie claque lorsqu’on a souffert de ce problème pendant des années.

 Est-ce que c’est possible pour tout le monde ?

Malheureusement, non. Tout simplement parce que l’on n’a pas tous des Tocs pour les mêmes raisons.

J’en parle de façon plus précise dans mes podcasts.

Au cours de ces années, ma méthode d’accompagnement conjugue hypnose, l’énergétique avec une empreinte cognitivo—comportementale (marquée plus ou moins selon la personne accompagnée). Oui, j’aime combiner les outils au sein d’une même séance, ce qui permet de travailler sur plusieurs plans et d’avancer tout simplement plus rapidement.

Si vous êtes arrivé(e) jusqu’ici, c’est peut-être que vous vous demandez si je n’ai plus de Tocs aujourd’hui après tout ce parcours, si j’en suis complètement guéri ???

Il m’en reste encore un, ou plutôt une compulsion : j’ai une tendance à me gratter le cuir chevelu lorsque je m’ennuie ou pour évacuer la pression d’une journée bien pleine.

Est-ce que ce « symptôme » signifie que je n’en suis pas guéri … Je vous laisse en juger mais moi ce Toc je m’en contrefiche et j’ai choisi de le garder ! Dans les cas, je n’ai plus de pensées obsessionnelles depuis des années alors que je côtoie presque tous les jours des personnes qui en ont…

Mes Tocs, mes phobies d’impulsion, …, mes peurs m’ont permis de beaucoup apprendre sur moi mais aussi les autres. Elles m’ont révélé à moi-même.

Antoine Leroch

Cet article a 4 commentaires

  1. Charlotte Rossi

    Un grand merci à vous pour ce retour d’expérience …
    Ça fait plaisir de savoir que nous sommes pas les seuls à vivre ces moments difficiles.

  2. Fred

    Merci de donné espoir , j’ai tellement peur de pas guerir , je pense que ma plus grande peur est la , affronté mes peurs je le ferais car je sais que je pourrais les surmonté un jour , mais les pensee obsesionnelles c’est ça le plus gros problème de la phobie d’impulsion c’est cette prison mental. Mais on va y arriver à s’en sortir en tout cas encore merci de votre témoignage, car sur internet on entend pas beaucoup de gens qui s’en sorte , mais plutôt que des propos alarmiste d’ailleurs c’est pour ça que je n’y vais plus????

  3. Marine

    Vous faites un travail incroyable !
    Nous avons déjà échangé et franchement Merci d’être bienveillant et non dans le jugement.
    A mon sens j’ai des phobies d’impulsion depuis 13 longues années je suis une thérapie depuis deux ans et j’ai vu les bienfaits, bien sûre qu’on passe par plein de stade et notamment des rechutes, mais finalement malgré les angoisses est ce que cette phobie ou se toc ne serait pas la pour au final nous aider ? Dans les relations, dans le lien avec nous mêmes, dans nos peurs, dans le lâcher prise, dans l’enfant intérieur, les liens familiaux etc je cache pas que c’est effrayant à certains moments voir souvent mais finalement est ce quand dépassant tout ça, cela nous reconnecte à notre vrai nous et à se dépasser chaques jours ? Je ne cache pas qu’il y’a des up et des downs mais finalement c’est la vie on ne peut ps allez bien tout le temps, mais je suis convaincue qu’après 13 ans de mal-être aujourd’hui même( si à des moments je ne l’aime pas )elle reste une alliée pour me dépasser chaque jours parce que on en apprend sur nous.
    J’espère que vous aurez compris ce message en tous cas soyez fière de chemin parcouru.
    Et encore merci Antoine

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