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Phobie d’impulsion post partum : casser le cercle vicieux

Vous doutez…

Vous doutez de faire du mal à votre enfant et pourtant … vous l’aimez.

C’est le paradoxe que l’on retrouve chez les personnes qui souffrent la phobie d’impulsion post partum : je l’aime, je tiens à lui et pourtant j’ai peur de lui faire mal.

Toutes ces images, ces pensées de violences (et ces sensations de violence dans votre corps) sont si fortes, qu’elles arrivent à vous font douter ce que vous pourriez faire. Peut-être même qu’elles vous font penser que vous êtes une mauvaise mère.

Si vous êtes dans ce cas, sachez que vous êtes loin d’être la seule.

 Vous découvrirez dans cet article pourquoi, la phobie d’impulsion touche particulièrement les jeunes mamans mais comment réussir à dépasser ce trouble anxieux.

A noter, la phobie d’impulsion peut aussi toucher les jeunes pères. Pour moi aussi, les phobies d’impulsion ont commencé à la naissance de ma fille Juliette …

Comment se manifeste la phobie d’impulsion post-partum ?

Remarque : si vous pensez souffrir de phobie d’impulsion, seul un professionnel de santé est habilité à réaliser un diagnostic.

Les différents visages de la phobie d’impulsion post partum

Les symptômes de la phobie d’impulsion post partum varient considérablement d’une mère à l’autre. 

On peut néanmoins distinguer deux grandes catégories ou thématique : la peur d’abuser du bébé et la peur de blesser ou tuer l’enfant.

Voici une liste non-exhaustive de comment la phobie d’impulsion post-partum peut se manifester :

  • Éviter de se retrouver seul(e) avec l’enfant
  • Cacher ou jeter des couteaux, des ciseaux et d’autres objets pointus
  • Images indésirables de lancer ou de laisser tomber un bébé
  • Demander à plusieurs reprises aux membres de la famille de rassurer qu’aucun préjudice ou abus n’a été commis
  • Passer en revue mentalement les tâches et les événements quotidiens pour tenter d’obtenir l’assurance que l’on n’a pas fait de mal à un enfant ou n’a pas été responsable de mal à un enfant
  • Éviter toutes rencontres avec des mamans et leur bébé (isolement)
  • Éviter les articles de presse et les émissions de télévision liées à la maltraitance des enfants ou à l’infanticide
  • Se surveiller pour détecter une excitation sexuelle inappropriée perçue
  • Pensées horribles et intrusives de poignarder ou d’étouffer un nouveau-né
  • Pensées dérangeantes d’abuser sexuellement d’un enfant
  • Éviter de changer des canapés souillées par peur d’abuser sexuellement d’un enfant

Vous pourrez constater que les manifestations de la phobies d’impulsion post partum sont mentales (pensées intrusives) mais qu’elles manifestent également par des compulsions. Les compulsions étant des tentatives de réassurances. Voir article sur les compulsions pour comprendre le mécanisme des compulsions dans le cas de la phobie d’impulsion.

Phobie d'impulsion livre

D’autres types de peur, non propre à la phobie d’impulsion post partum peuvent venir se greffer sur cette peur :

  • Peur d’être responsable d’avoir donné à un enfant une maladie grave
  • Peur de blesser accidentellement un enfant par négligence
  • Éviter de nourrir un enfant par peur d’un empoisonnement accidentel
  • Peur de prendre une mauvaise décision (se faire vacciner, certains aliments, prendre des antidépresseurs) entraînant une issue grave ou fatale
  • Évitement de certains aliments, médicaments ou activités quotidiennes normales par crainte de nuire au fœtus
  • Surveiller de façon répétée et excessive un bébé pendant qu’il dort
  • Pensées intrusives de nuire accidentellement au fœtus ou à l’enfant par exposition à des médicaments, des toxines environnementales, des germes, des produits chimiques ou certains aliments

On pourrait penser que les phobies d’impulsion ne se manifestent que par des pensées, des émotions et des comportements. Mais il y a aussi d’autres symptômes plus tabou comme des sensations étranges qui déforment notre réalité intérieur et qui pourraient nous faire penser que l’on pourrait passer à l’acte.

Ci-dessous l’histoire de Laura qui permet comprendre la dynamique de la phobie d’impulsion post partum ou comment les peurs finissent par envahir tout le quotidien.

Phobie d’impulsion post partum : L’histoire de Laura

Laura est une jeune mère de 32 ans que j’ai accompagnées ces dernières semaines.

Elle a accueilli son premier bébé dans le monde il y a quelques mois. Depuis la naissance de son bébé, Laura est hantée, sans doute comme vous, par des pensées effrayantes qui la perturbent profondément. Elle souffre de phobie d’impulsion post partum.

Ce qui suis détaille précisément ce qu’elle vit à l’intérieur.

La peur a commencé alors qu’elle était seul chez elle un soir, elle donnait le bain à son bébé. Une pensée a émergé dans son esprit :

« si je mettais sa tête sous l’eau, personne pourrait le sauver »

Puis elle est saisi d’une violente peur. Une de ces peurs qui nous fige.

La crispation, la peur et la vision d’elle en train de noyer son bébé tourne en boucle dans son esprit. Elle essaie de se rassurer, de se parler à elle-même :

 « C’est n’importe quoi, jamais tu ne ferais une chose pareille, Laura ressaisis toi ! »

Mais les images continues, elle voit les bulles sortir de la bouche de son enfant, le cri étouffé, … Lui revienne ce qu’elle a lu il y a quelques mois sur internet : l’histoire d’une mère qui a tenté de noyer son bébé dans un fleuve.

Son esprit créé une illusion parfaite qui finit par remettre en question sa capacité à protéger son enfant.

Plus elle rejette ces pensées intrusives de noyades, plus elles reviennent. Elle sort rapidement son enfant de l’eau pour être sûre que rien ne va se passer.

Elle n’en parle pas à son mari. Elle a honte, il ne peut pas comprendre. S’il savait, il finirait par partir avec son enfant.

Tous les soirs le même scénario va recommencer. Et la peur va gagner de plus en plus de terrain.

Elle redoute le moment du bain. La peur est présente l’heure qui précède ce rituel qui est sensé être un moment de partage agréable. Puis, c’est toute l’après-midi que ces images de noyade l’agressent.

Ces pensées intrusives commencent à affecter sa vie quotidienne.

Elle ne peut pas se concentrer sur ses tâches quotidiennes et est souvent prise de panique et de détresse. Elle ne peut pas dormir la nuit et est toujours en alerte.

Elle fini par avoir peur d’étouffer son bébé dans son sommeil. De se lever dans une crise de somnambulisme et de le faire. Elle se lève régulière pour vérifier que son bébé respire. C’est là, une compulsion fréquente chez les jeunes mamans atteintes de phobie d’impulsion post partum.

Elle redoute particulièrement où elle doit se retrouver seule avec son enfant. Elle évite ces situations au maximum ! Elle finit par penser qu’elle est une mauvaise mère.

Les parents de Laura, devant son état de fatigue, s’inquiète pour elle. Son mari, pense qu’elle fait une dépression post partum.

Elle décide de consulter son médecin traitant. Elle mettra plusieurs mois avant de parler de ces pensées et d’obtenir le diagnostic de phobie d’impulsion couplée à une dépression post partum.

Si vous souhaitez allez plus loin concernant les symptômes que l’on peut rencontrer lors d’une phobie d’impulsion, j’ai écrit un article : test de phobie d’impulsion.

Origine de la phobie d’impulsion Post-partum

Ne tombez pas dans le piège des origines

La question du pourquoi est légitime mais amène beaucoup de « fausses pistes ».

L’imagination est très forte et on a très vite fait, lorsqu’on souffre de grandes peurs comme celles des phobies d’impulsion, de trouver des liens qui n’en sont pas et de réécrire l’histoire.

On peut alors arriver à des conclusions hâtives du style : « ma relation avec ma mère n’est pas facile, je n’ai jamais eu vraiment l’impression d’être soutenue par elle … Ce qui fait que je ne peux pas être une bonne mère, c’est pour cela que j’ai ces pensées horribles »

On va finir alors par détricoter son enfance et perdre énormément de temps.

Autant vous le dire, connaître le « pourquoi » ne vous permettra pas de vous libérer de vos phobies d’impulsion.

Ce sera tout le contraire !

Se poser la question des origines de façon récurrente est une compulsion qui va avoir tendance à amplifier le Toc.

Maintenant, si vous souffrez de phobies d’impulsion juste après avoir eu un enfant, ce n’est pas un hasard…

Post-partum : une période de vie propice aux phobies d’impulsion

Si vous souffrez de phobies d’impulsion juste après avoir eu un enfant, ce n’est pas un hasard…

La phobie d’impulsion post partum est un trouble anxieux qui touche les personnes après un évènement soi-disant « heureux » : la naissance d’un enfant.

« Une naissance, ce n’est que du bonheur ! »

Rrrr … Cette phrase m’agace tant elle est en décalage avec la réalité.

Une naissance reste un bouleversement dans la vie d’une femme. Ces changements sont multiples et profonds.

Bien sûr il y a les changements physiques après la grossesse. Mais il y a tous les changements cachés et qui touchent la psychologie : changements d’identité et de place dans la famille, nouvelles contraintes, nouveaux rythmes de vie, les nuits blanches, …

Il y a également cette phrase :

« Je dois être une bonne mère »

Celle-ci met une véritable pression au quotidien que l’on se met et  que les autres ou la société nous mettent.

Et puis, lors d’une naissance, lors de l’arrivée d’un enfant,…, tous les psychologues vous le diront, on rejoue d’une certaine manière notre histoire . Un enfant a un effet miroir sur l’enfant que nous avons été.

Cela remue.

D’ailleurs dans le classement des événements, on retrouve dans le top 10 des évènements les plus stressants de la vie : la grossesse, l’accouchement et la venue d’un nouveau membre dans la famille.

Ce n’est donc pas un hasard que certains troubles anxieux comme celui de la phobie d’impulsion se manifeste dans cette période de vie.

Ce trouble est courant. Oui ! Vous avez bien lu. Les phobies d’impulsion sont un problème courant chez les jeunes mamans.

Mais alors, pourquoi on n’en parle pas d’avantage. Chut ! C’est tabou…

Il y a quelques années, on ne parlait que très peu de la dépression post-partum. Il faudra encore quelques années pour que la phobie d’impulsion post partum puisse être reconnue et connue du grand public.

Pour résumer, on pourrait assimiler la phobie d’impulsion à une forme d’épuisement nerveux. D’ailleurs elles surviennent souvent (pas toujours) associées à la dépression post partum qui est aussi une forme d’épuisement du système nerveux.

Cet épuisement est d’autant plus propice aux phobies d’impulsion s’il arrive sur un terrain particulier. Si vous êtes plutôt de nature stressée, avec des exigences élevées, perfectionniste, sensibles, … Ces traits de caractères favorisent la survenue des phobies d’impulsion.

Comment se débarrasser de la phobie d’impulsion post partum ?

Les premières étapes pour se libérer de la phobie d’impulsion post partum

Ce qui va empêcher de vous débarrasser de la phobie d’impulsion : la honte.

La honte amène le tabou, on n’en parle pas et cette honte empêche de mettre ne place les vraies solutions pour se libérer de ce trouble anxieux commun chez les jeunes parents.

Et en plus d’enfermer, la honte liée aux phobies d’impulsion rend propice d’ailleurs la survenue d’une dépression post partum. Une dépression qui rendra le parcours thérapeutique plus long et complexe.

A ce propos, si vous souffrez de dépression, je vous conseille le podcast de Manuella qui est une mine d’informations utiles sur ce sujet.

On finit par se débarrasser de cette honte de deux façons :

La première : savoir de quoi on souffre précisément, comprendre que ces pensées sont un symptôme d’une maladie et ne raconte rien sur nous.

La seconde c’est d’en parler.

Oui, il faut oser en parler mais ce n’est pas du tout évident. A cause de la peur d’être jugé, peur que l’on nous enlève notre bébé, peur d’être quittée, d’être prise pour une folle.

Pour vous aider à passer ce cap, je vais vous décrire le chemin que parcourt la majorité des personnes que j’accompagne :

Elles ne savent de quoi elles souffrent, cela fait plusieurs semaines qu’elles ont des doutes ou des peurs de ce qu’elles pourraient faire à leur enfant. Lors d’une recherche internet, elles se rendent compte que leurs symptômes pourraient correspondent à un trouble anxieux que l’on appelle phobie d’impulsion – 1er soulagement.

Il est également possible d’échanger avec des personnes qui vivent la même chose que vous. Cela libère de se rendre compte que ce que l’on vit est propre à la phobie d’impulsion qui sait se montrer sous de multiples visages.

A ce propos, il existe un forum sur les phobies d’impulsions qui est accessible directement ici :

Ce forum est gratuit et permet de s’exprimer librement en gardant son anonymat.

Puis, elles décident de consulter une professionnelle de santé afin de s’assurer du diagnostic. Je vous conseille, même si l’attente est longue, de consulter un psychiatre. Il y a encore beaucoup de médecin généraliste qui ne connaissent pas le problème des phobies d’impulsion. Vous pouvez enfin raconter et commencer à extérioriser ce qu’il se passe dans votre tête – 2ème soulagement et début de la fin du tabou.

La suite, c’est d’en parler à un proche de confiance, une personne bienveillante, une amie, un parent par exemple pour arriver enfin à en parler à votre partenaire. Pas besoin de tout lui raconter, je connais même des personnes qui demande à leur conjoint d’écouter quelques-uns de mes podcasts sur les phobies d’impulsion afin qu’ils comprennent mieux leur stress et la dynamique de la maladie.

Ces premières étapes ne sont pas évidentes, il y a toujours le doute qui planera sur le fait que l’on souffre bien de phobie d’impulsion, mais elles sont indispensables pour commencer à utiliser et à suivre une thérapie efficace contre ce type particulier de trouble anxieux.

Phobie d’impulsion post partum : la thérapie qui fonctionne

On se retrouve souvent perdu pour trouver un thérapeute lorsqu’on a des difficultés psychologiques et émotionnels.

 Il y a plusieurs pièges dans lesquels ne pas tomber.

« J’ai des difficultés à être maman. Peut-être même que cela est lié à la relation avec ma mère, il doit y avoir quelque chose de refoulé en moi. Je dois donc faire une psychanalyse »

Ne faites surtout pas ça. Ne choisissez pas une thérapie qui explore le passé. Vous risquiez et vous y perdre et de perdre par la même occasion beaucoup d’argent et de temps !

Je ne dis qu’il ne faut pas travailler sur d’éventuelles traumatismes mais la priorité lorsque l’on souffre de phobie d’impulsion est désactiver les émotions associées aux pensées intrusives ou automatiques et cela ne se fait pas en trouver l’origine des phobies d’impulsion. Le fameux « pourquoi » qui alimente les ruminations et indirectement les pensées intrusives.

Les phobies d’impulsion ont leur propre dynamique, il y a forcément des choses que vous faites sans le savoir et qui alimentent vos pensées de violence envers votre bébé.

Pour casser ce cercle vicieux des phobies d’impulsion, la TCC (Thérapie Cognitivo Comportementale) doit être le premier choix.

Elle propose des exercices structurés qui vous permettront d’avancer notamment celui de l’exposition avec prévention de la réponse.

Assurer vous également que le thérapeute connaisse ce type de trouble anxieux. Cela sera un vrai plus, il connaitra alors les pièges dans lesquels ne pas tomber avec cette maladie.

Pour conclure, les phobies d’impulsion ne sont pas une fatalité et non, vous n’êtes pas condamné(e) à vivre la peur au ventre avec votre enfant. A condition, de mettre en place ce qui est efficace et de ne pas se perdre dans des thérapies qui n’auront d’effet que sur votre porte-monnaie.

Je vous souhaite d’aller mieux !

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