Le toc religieux fait partie des Tocs qui restent méconnu et incompris.
Les personnes qui en souffrent mettent encore trop peu de temps à identifier de quoi elles souffrent. Comme Patrick, d’ailleurs, dont vous trouverez le témoignage dans cet article.
En sortir est possible, mais là encore, les solutions efficaces sont peu connus des thérapeutes.
Cet article est là pour remédier à tout cela… mettre en lumière ce Toc, cette peur de faire « mal » à Dieu et vous aidez à entrevoir le chemin possible pour aller mieux et vous en libérer !
Sommaire
Voici la première étape indispensable pour faire face aux pensées blasphématoires involontaires :
Toc religieux : identifier ce qui nourrit le Toc
C’est une prise de conscience essentielle, une première étape indispensable.
Le Toc religieux, comme tous les Tocs se manifestent par 3 aspects (pas toujours présents ensemble).
Certaines de ses manifestations peuvent être discrètes et il est fort possible que vous n’en ayez pas conscience pour une partie d’entre elles.
Certains de ces aspects nourrissent le Toc, vous allez comprendre pourquoi … d’où l’importance de mieux les connaître et pouvoir ainsi briser le cercle vicieux du Toc religieux.
Quels sont les symptômes du Toc religieux ?
Des pensées blasphématoires involontaires
Vous reconnaissez-vous ?
Le premier aspect, que l’on retrouve systématiquement : des pensées qui sont de nature blasphématoire. Cette pensée blasphématoire est non voulue : elle est intrusive et se manifeste de façon automatique.
Vous tentez d’en avoir le contrôle mais cela vous ait impossible et en plus, elles reviennent sans cesse sous une forme ou à une autre.
Cette pensée s’accompagne d’émotions fortes. Le dégoût et honte qui particulièrement présent dans ce Toc. Et aussi, bien souvent la peur de faire mal à Dieu et de provoquer sa colère.
Voici quelques exemples de pensées blasphématoires involontaires que l’on retrouve dans le Toc religieux :
- Douter de l’existence de Dieu ou de la véracité de sa parole, en particulier pour quelqu’un qui est profondément religieux (il est normal de douter de sa foi sur son parcours spirituel, mais ici les doutes envahissent le quotidien)
- Avoir des pensées ou des images sexuelles à propos de figures sacrées ou religieuses.
- Imaginer ou craindre d’agir de manière irrespectueuse ou destructrice envers des objets sacrés ou des lieux de culte.
- Proférer intérieurement des obscénités ou des jurons à l’encontre de Dieu ou d’autres figures religieuses.
- Se sentir poussé à adorer des idoles ou des démons, ou à participer à des rituels non religieux.
- Avoir l’impression de trahir ou de renier sa foi.
Ces pensées peuvent se manifester chez de nombreuses personnes mais on ne parlera pas forcément de Toc. Pa exemple, il est normal de douter de sa foi sur son parcours spirituel, mais ici, dans le cas d’un Toc religieux, les doutes envahissent le quotidien.
Des compulsions visibles ou non
Les compulsions sont une réponse aux pensées blasphématoires involontaires. Elles permettent de se rassurer et de diminuer les émotions associées aux pensées intrusives désagréables.
Pour le Toc religieux, certaines compulsions sont visibles et sont donc plus facilement identifiables.
D’autres compulsions sont plus discrètes car plus mentale. Ce sont bien souvent des automatismes de pensées qui se sont mis en place pour répondre à l’angoisse générer par les pensées blasphématoires involontaires.
En voici, une liste non-exhaustive :
- Prière excessive ou rituelle : Les individus peuvent se sentir obligés de prier pendant des heures chaque jour, souvent avec des prières très spécifiques ou en utilisant un langage très précis.
- Confession compulsive : Certains peuvent ressentir le besoin de pouvoir confesser toujours leurs péchés, même des péchés minuscules ou imaginaires, par peur d’être punis par un supérieur.
- Ritualisation de la lecture religieuse : Cela peut inclure des lectures ou des récitations répétées de textes religieux, comme la Bible, le Coran, la Torah, etc., ou le sentiment qu’elles doivent être lues d’une certaine manière pour être « correctes ». « .
- Recherche constante de signes divins : Certains individus peuvent rechercher des signes ou des symboles religieux dans leur environnement quotidien.
- Évitement compulsif : Éviter des situations, des personnes, des pensées ou des actions perçues comme « impures » ou « pécheresses ». Cela peut aller de la simple évitation de certains aliments ou médias à l’éloignement complet de personnes ou de lieux.
- Faire preuve de perfectionnisme religieux : S’efforcer d’être parfait dans l’observation de ses croyances ou pratiques religieuses, par peur des conséquences de ne pas être « parfait » aux yeux de Dieu.
- Rituels de purification : Ces rituels peuvent comprendre des ablutions répétées, des rituels de nettoyage, ou l’emploi de phrases ou prières spécifiques pour « purifier » un esprit ou un corps perçu comme impur.
- Rumination constante sur des questions de foi ou de théologie : Le besoin d’une réflexion excessive et continue sur des questions religieuses, souvent sans résolution ou satisfaction.
- Contrôle excessif des pensées : Un effort pour supprimer ou contrôler des pensées perçues comme immorales ou non religieuses.
- Compulsions de réassurance : Chercher constamment de la réassurance auprès de figures d’autorité religieuse, de textes sacrés, ou d’Internet sur des questions de foi ou de morale.
Ces compulsions peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre et dépendent en grande partie de la foi et des croyances religieuses de la personne. Il est important de noter que ces comportements vont au-delà de la pratique religieuse normale et peuvent causer une détresse significative et/ou interférer avec la vie quotidienne de la personne.
Eviter ce qui déclenchent les pensées blasphématoires
Chez certaines personnes, les compulsions vont prédominées, pour d’autres ce sont les évitements.
Dans le cas du Toc religieux, on note souvent :
- Eviter les pensées blasphématoires involontaires en les rejetant dès qu’elles se manifestent
- Eviter les lieux et les moments de culte
- Eviter les moments de prières
- Eviter tout objet avec une connotation religieuse
- Eviter les personnes en lien avec la religion (autorités religieuses, prêtre, )
Pour résumer le Toc religieux est au carrefour de nombreux autres tocs dans lesquels on retrouve le même mécanisme qui se joue :
La phobie d’impulsion qui est un Toc dans lequel l’individu a peur de perdre le contrôle et de se faire mal ou faire mal à ses proches. Un certain aspect de ce Toc peut être également la peur de blesser les personnes en les insultants.
On voit ici bien le lien avec le Toc religieux qui concerne la peur de « faire mal à Dieu ». La dynamique est très similaire.
Le Toc relationnel ou le toc de couple où la personne doute d’aimer l’autre. Les pensées blasphématoires involontaires s’accompagnent également parfois d’un doute. Celui de la véracité de sa foi, de sa relation à Dieu.
Et plus concrètement, ça donne quoi ?
J’ai pu échanger avec Patrick qui souffre de Toc religieux. Vous retrouverez la totalité de son témoignage dans l’épisode de podcast ci-dessous :
Patrick m’a contacté afin de témoigner.
Chez lui, le Toc religieux se manifestent sous forme de mauvaises pensées involontaires concernant Dieu.
Dans ses croyances, le simple fait de penser ces choses-là est un blasphème, même si il ne les énumère pas à haute voix, Dieu « entendrait » ses pensées et par conséquence le saurait.
Patrick, étant issu d’une famille pratiquante et ayant été éduqué dès son plus jeune âge à la religion, y apporte beaucoup d’importance.
Tout cela a commencé pendant son adolescence par une simple pensée, puis une autre et encore une autre. Pour lui l’apparition de ces pensées sont dues à une grande période d’anxiété qu’il a traversé pendant ses années de collège.
Il y a seulement un an, il a pu mettre un mot sur ces choses-là.
Suite à un déménagement il a du changé de médecin et de psychologue-psychiatre (qui le suivaient depuis son enfance). Cette dernière l’avait donc redirigé vers un spécialiste de la cognitive comportementale qui lui a fait passer des tests puis les résultats ont montrés que ses « symptômes » se rapprochaient des Tocs.
Sa thérapie est toujours en cours.
Avant cela il ne pouvait nommer ce qui lui arrivait malgré les conversations, les rendez-vous chez les professionnels santé et les médicaments.
Chez Patrick, ses Tocs créent un malaise suite au blasphème, ce qui suit sont des idées sous forme de mots ou d’images comme «non ce n’est pas vrai», comme pour « annuler » ce qu’il vient de penser et cela de manière systématique. Cela montre que les compulsions ne sont pas que physiques et qu’elles peuvent également avoir lieu dans notre tête.
C’est un mécanisme qui permet de contrôler le développement anxieux qui peut exister après une de ces pensées.
Mais chez lui, les pensées blasphématoires être suivi d’un petit geste comme regarder vers le ciel. Comme si faire cela prouverait à Dieu qu’il ne pense pas réellement tout cela.
Ces pensées blasphématoires sont plus à même de surgir quand il se retrouve confronté à la religion comme par exemple à l’église ou devant une statue de Marie. Cela n’a malgré tout pas changé son rapport à Dieu.
Toc religieux : arrêter avec les fausses solutions
Le parcours d’Annie, des erreurs riches d’enseignements
J’ai reçu récemment un mail d’Annie qui souffre de Toc.
« Je vous écris ce courrier électronique pour partager avec vous mon combat de longue date contre le Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC).
Dans le passé, j’ai été confrontée à plusieurs types de TOC – le TOC numérique, le TOC de vérification, la phobie d’impulsion meurtrière. Heureusement, ces TOC ont disparu et je suis satisfaite de cette progression.
Cependant, il subsiste encore un TOC (ou une phobie d’impulsion), qui semble plus tenace et une tendance à s’intensifier. C’est le TOC lié à la religion – j’éprouve une crainte intense du châtiment divin, de la condamnation.
Lorsqu’il est apparu pour la première fois, il se manifestait par des pensées blasphématoires intrusives, où j’insultais Dieu dans mon esprit. J’ai finalement consulté un prêtre et lui ai expliqué ces pensées indésirables.
Après qu’il m’ait assuré que ces pensées n’avaient pas d’importance et que Dieu ne jugeait pas sur cela, j’ai rapidement commencé à me sentir plus calme.
Malheureusement, mon TOC a réapparu sous une nouvelle forme : « Et si un jour, dans un accès de colère, j’insultais Dieu ? »
J’ai donc à nouveau consulté un prêtre, qui m’a confirmé que c’était un péché s’il était commis.
Maintenant, j’ai peur de me mettre à insulter Dieu dans ma tête. Cette peur d’agir, c’est pourquoi je me demande si c’est une phobie d’impulsion. Cette idée m’effraie, car il est difficile de vérifier ses pensées.
Par conséquent, je vis dans la crainte d’insulter Dieu. Mais j’ai l’impression que mon cerveau a de plus en plus envie de faire ce que je redoute le plus. Si je cède à cette impulsion, j’ai peur des conséquences, car on m’a dit que c’est un problème sérieux dans la religion. »
Décryptage du témoignage d’Annie
On va bien ici comment la compulsion nourrit le cercle vicieux du Toc religieux.
Annie cherche à se rassurer (ce qui est humain)… Mais on voit bien que cette solution est efficace qu’à court terme. Le Toc revient sous une autre forme peu de temps après.
Pire, cette nouvelle compulsion, celle de recontacter le prêtre, au lieu de l’apaiser accentue encore ses angoisses.
Plus vicieux encore, l’effet apaisant d’une compulsion s’atténue avec le temps, ce qui fait que l’on va avoir tendance à augmenter la fréquence de ces réassurances. C’est là le piège du Toc religieux qui va enfermer la personne dans des rituels et ainsi diminuer petit à petit l’espace de liberté de la personne.
Le prêtre a donné l’un des pires conseils pour une personne qui souffre de Toc religieux : ne pas penser à insulter Dieu, ne pas penser à le faire à voix haute, …
Eviter une pensée la renforce. Cela la rend plus présent dans notre esprit, c’est un mécanisme dû au fonctionnement du cerveau humain. Si je vous dis de ne pas penser à un éléphant rose, vous allez forcément y penser ! La peur, la pression accentue encore ce processus…
Vouloir éviter et rejeter les pensées blasphématoires involontaires amplifie le problème et augmente la survenue des pensées intrusives dans l’esprit.
L’un des pièges dans lequel on tombe souvent avec le Toc religieux est de croire que la thématique du Toc, ici la religion raconte, quelque chose sur l’origine de la maladie.
Le problème n’est pas lié à Dieu : toutes les solutions qui consistent à travailler sur sa foi, prier davantage est en réalité une compulsion.
Il ne faut donc pas consulter un prêtre ou un autre représentant religieux mais un thérapeute qui connait le problème et la dynamique du Toc religieux afin de résoudre ce type de problème.
Mais alors pourquoi le Toc religieux se focalise sur ma foi ?
Parce que tout simplement, pour vous, comme pour Patrick votre lien à Dieu est un sujet important voir même fondamentale.
J’ai connu une personne qui travaillait dans une association contre racisme… Elle n’avait pas peur d’insulter Dieu mais les personnes qu’elles croisent dans la rue et qui ont une origine africaine. Le Toc vient se fixer sur les thématiques auxquelles nous attribuions le plus de valeur …
Si vous souhaitez en savoir plus sur les origines des Tocs, j’en parle dans cet épisode de podcast.
Vous l’aurez compris, ces tentatives de résolutions du Toc religieux permettent de s’apaiser à court terme mais amplifie le toc à moyen et long terme.
En plus de cela, ces fausses solutions prennent de l’énergie et du temps qui pourrait être utiliser pour mettre en place ce qui est vraiment efficace pour le toc religieux.
Pensées blasphématoires involontaires : orientez-vous vers ce qui marche
Voici déjà quelques pistes données par Patrick :
Son conseil serait tout d’abord de ne pas se sentir coupable, nous ne sommes pas responsables de nos pensées car environ 90 % des pensées sont involontaires. Malheureusement on a tendance à se juger trop facilement et directement penser que l’on est fou ou autre si on a des pensées de la sorte.
Ensuite, ce qui l’a aidé a été l’écriture. Ecrire ce qui lui fait peur lui a permis paradoxalement à diminuer ses pensées blasphématoires involontaires.
L’un des principes à connaître lorsque l’on souffre d’un Toc : s’exposer à ce qui aux pensées ou aux situations qui nous font peur permettent de diminuer les émotions désagréables associées.
Cela ne se fait pas n’importe comment, même si vous ne souffrez pas de phobie d’impulsion à proprement parlé, cet Ebook, gratuit en ce moment, devraient vous aider pour le Toc religieux. Le Toc religieux étant une forme de phobie d’impulsion … La peur de faire du mal est orienté vers Dieu dont on peut avoir peur des châtiments.
Dans la plupart des cas de Tocs, l’écriture peut se révéler bénéfique. Ces derniers sont pour la plupart mentaux, dans notre tête, le fait de les faire sortir ou des concrétiser en quelque sorte, peut permettre de nous en débarrasser. Souvent on ne le partage pas avec les autres car on peut se sentir seul avec cela.
Il a aussi expérimenté la relaxation, avec des techniques de respiration, laisser aller ses pensées calmement ou bien au contraire les contrôler en quelque sorte, afin de penser uniquement à ce dont il a envie.
Cette gymnastique mentale lui permet de se relaxer. Ici deux techniques sont utilisées : la relaxation, le corps et l’esprit sont étroitement liés donc si on relâche tous ses muscles, le flux de pensées diminue également. Le focus est aussi employé afin de se concentrer pleinement sur quelque chose.
Pour conclure, Patrick pense que le courage est aussi nécessaire dans ce genre de situation. Ecrire ce qui ne va pas quand le Toc est fort présent n’est pas évident, il est toujours plus facile de réaliser une compulsion pour se rassurer que de s’exposer. Il y aura forcément des échecs, des moments plus difficiles que d’autres. Mais finalement, plus vous avancerez, plus ces exercices d’expositions seront faciles à faire et moins le Toc prendra de place dans votre vie.
Ce Toc est encore trop peu connu… Participez vous aussi à mise en lumière de ce Toc en venant échanger avec nous sur le forum !
Parce que oui, il est possible d’aller mieux.